Un homard doré ultra rare repêché au Québec

Jean-Nicolas Tremblay, directeur général de l'établissement, a vite compris qu'il avait entre les mains un véritable trésor vivant. «Honnêtement, on aurait dû aller acheter un billet de loto tout de suite après!», a-t-il blagué, en soulignant que les chances de gagner au 6/49 sont deux fois plus élevées que de tomber sur un homard doré. Plutôt que de finir dans une assiette, le crustacé a été confié à l'Aquarium du Québec, qui l'accueille désormais dans un bassin adapté.

Le homard, surnommé «Source», est une femelle, arrivée depuis la Côte-Nord grâce à un pêcheur partenaire de longue date du IGA. Ce dernier, sensible à l'importance de sa trouvaille, a décidé de ne pas la relâcher dans la mer pour permettre au public de l'observer. Une fois sa période de quarantaine terminée, elle sera exposée dans son nouvel habitat.

Selon les experts de l'Aquarium, la coloration dorée de «Source» résulte d'une mutation génétique rare, liée à l'absence de certaines protéines responsables de la teinte habituelle du homard. Cette même mutation est ce qui fait virer tous les homards à l'orange lorsqu'ils sont cuits.

Krystelle Lacasse-Aubin, conservatrice à l'Aquarium, explique que ce type de spécimen très coloré est plus vulnérable aux prédateurs, car il est plus facile à repérer. C'est donc un petit miracle que «Source» ait survécu jusqu'à sa capture.

Des histoires de homards colorés, bleus, orange vif ou bicolores refont surface chaque année au Canada, aux États-Unis ou même en Europe. Des pêcheurs partagent de plus en plus leurs découvertes en ligne, ce qui donne l'impression que ces cas sont en hausse. Mais les scientifiques rappellent que ces mutations restent extrêmement rares. Markus Frederich, biologiste marin au Maine, confirme en avoir actuellement trois dorés dans ses bassins, mais rappelle que c'est leur visibilité qui a augmenté, pas leur fréquence réelle.

Il en profite aussi pour alerter sur les effets du réchauffement climatique. Le golfe du Maine, par exemple, se réchauffe à un rythme rapide, causant la disparition de plusieurs espèces comme la crevette et réduisant considérablement la pêche au homard dans certaines régions.

Heureusement, les eaux canadiennes plus froides demeurent pour l'instant un refuge. Mais pour combien de temps encore?

L'histoire de «Source» n'est donc pas qu'un fait divers mignon: elle permet aussi de sensibiliser le public à la biodiversité marine et à l'importance de la préserver. Une mutante à pinces, devenue ambassadrice de l'éducation scientifique.

Source: Le Soleil