Dans plusieurs cours d'école primaires du Québec, courir, jouer à la tag ou sauter dans une flaque d'eau est désormais interdit, une réalité qui soulève de vives réactions.
Au fil des derniers jours, les commentaires se sont multipliés sur les réseaux sociaux après la controverse entourant les buttes de neige, révélant une longue liste de règles qui encadrent sévèrement le jeu.
Dans certaines écoles urbaines, des élèves n'ont même plus le droit de courir pendant la récréation, une décision souvent justifiée par le manque d'espace et le nombre élevé d'enfants.
Des membres du personnel scolaire confirment aussi l'interdiction de jouer à la tag, de lancer des boules de neige, de faire des roues latérales ou simplement de marcher dans des flaques d'eau.
Pour plusieurs intervenants, ces restrictions enlèvent aux enfants la seule période de la journée où ils peuvent réellement bouger librement et dépenser leur énergie.
La psychoéducatrice Solène Bourque rappelle qu'un risque zéro n'existe pas dans une cour d'école et que vouloir tout contrôler finit par nuire au développement.
Selon elle, limiter autant les mouvements crée un paradoxe, puisque les enfants retournent ensuite en classe plus agités, ce qui complique la gestion en salle.
Le contexte budgétaire n'aide pas, car moins de surveillants signifie moins de marge de manoeuvre pour permettre des jeux plus dynamiques sans crainte d'accident.
Jeu risqué et développement des enfants au coeur du débat scolaire
Le professeur Daniel Paquette, de l'Université de Montréal, souligne que la surprotection envoie un message inquiétant aux enfants, celui d'un environnement perçu comme dangereux.
Cette perception peut augmenter l'anxiété et empêcher les jeunes d'apprendre à distinguer un jeu risqué, formateur, d'un jeu réellement dangereux.
Selon lui, tomber, se salir ou se relever fait partie des apprentissages normaux et essentiels à l'autonomie et à la confiance.
Les parents ont aussi un rôle à jouer, puisque certaines écoles doivent composer avec des plaintes réclamant un encadrement excessif pour éviter tout incident.
La Fédération des centres de services scolaires rappelle que chaque milieu adopte ses règles selon sa réalité, tout en cherchant un équilibre acceptable.
Des signes encourageants apparaissent toutefois, alors que plusieurs cours de récréation ont été réaménagées afin d'offrir plus de liberté et de zones de jeu variées.
Francis Côté, de la Fédération québécoise des directions d'établissement d'enseignement, affirme que ces changements commencent à porter fruit.
Derrière ces débats, une question persiste, veut-on des cours d'école sécuritaires à tout prix ou des espaces vivants où les enfants apprennent en bougeant.
À force d'interdire, certains craignent qu'on enlève aux jeunes bien plus que le simple droit de courir, celui de grandir pleinement.
| SONDAGE | ||
18 DECEMBRE | 44 RÉPONSES Le jeu libre perd du terrain, des experts sonnent l'alarme Les règles dans les cours d'école primaires vont-elles trop loin | ||
| Oui clairement | 41 | 93.2 % |
| Un peu | 3 | 6.8 % |
| Non | 0 | 0 % |
| À revoir | 0 | 0 % |
| Liste des sondages | ||
