Une bien triste nouvelle pour le cinéma québécois
Le cinéma québécois peine toujours à se tailler une place sur ses propres écrans, malgré les discours politiques sur la protection et le rayonnement de la culture francophone.
Sur les dix films les plus projetés sur les grands écrans québécois l'an dernier, huit provenaient des États-Unis.
Du côté du Québec, un seul film a réussi à se glisser dans ce palmarès, illustrant à quel point la visibilité du cinéma d'ici demeure marginale dans les salles commerciales.
Cette domination est encore plus marquée chez Cineplex, le plus important diffuseur en salle de la province.
Selon une analyse fondée sur près de 700 000 projections recensées, les productions américaines représentent à elles seules 82 % de la programmation. Les films québécois, quant à eux, doivent se contenter d'environ 6,7 % de l'offre totale.
Ce déséquilibre ne concerne pas seulement les chiffres, il influence directement les habitudes du public.
Moins un film est projeté, moins il est visible, moins il a de chances de créer un bouche-à-oreille ou de s'imposer comme un événement culturel.
Pour plusieurs artisans du milieu, le problème n'est pas la qualité des oeuvres, mais l'accès réel aux écrans.
Cinéma québécois et visibilité, un combat inégal en salles
Dans ce contexte, la question de la protection culturelle refait surface. Québec a récemment adopté à l'unanimité un projet de loi visant à imposer des quotas de contenu francophone aux géants du numérique comme Netflix et Spotify.
Si cette mesure est saluée par plusieurs, elle soulève aussi une interrogation évidente, pourquoi les salles de cinéma échappent-elles à ce type de réflexion structurante.
Pour l'instant, aucun seuil précis n'a été annoncé concernant les plateformes numériques, mais le message politique est clair. Le gouvernement souhaite renforcer la présence du contenu francophone dans l'univers culturel consommé par les Québécois.
Or, en salle, la logique demeure largement dictée par les superproductions américaines et leur puissance marketing.
Les exploitants de cinémas invoquent souvent la rentabilité et la demande du public pour justifier leurs choix. Les blockbusters attirent les foules, occupent plusieurs écrans simultanément et génèrent des revenus importants.
À l'inverse, les films québécois arrivent parfois avec moins de moyens promotionnels et des fenêtres de diffusion très limitées.
Cette réalité crée un cercle difficile à briser. Moins de projections signifie moins de spectateurs, ce qui renforce l'idée que le public ne répond pas.
Pourtant, plusieurs succès québécois passés démontrent que lorsque les films d'ici bénéficient d'un réel soutien en salle, le public est au rendez-vous.
Le débat dépasse donc le simple goût des spectateurs. Il touche à l'équilibre entre culture et commerce, à la responsabilité des diffuseurs et au rôle de l'État dans la protection d'une industrie fragile mais essentielle à l'identité collective.
À l'heure où Québec légifère pour encadrer les géants du numérique, la situation du cinéma en salle pose une question incontournable.
Si la culture québécoise mérite d'être protégée en ligne, ne mérite-t-elle pas aussi une place plus équitable sur les écrans physiques, là où l'expérience collective du cinéma prend tout son sens.
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