Écart choquant entre les salaires des patrons et des facteurs chez Postes Canada

Derrière les pertes financières importantes annoncées cette année se cache une autre donnée qui soulève bien des questions.

Le plus récent rapport annuel de Postes Canada révèle que ses principaux dirigeants se sont partagé 16 millions de dollars en rémunération en 2024, soit un million de plus que l'année précédente. Une somme impressionnante, surtout lorsque l'on sait que la société a enregistré des pertes d'exploitation de 1,3 milliard de dollars et une perte globale de 841 millions avant impôt.

Même si Postes Canada est une société de la Couronne, elle n'a pas l'obligation de publier le détail du salaire de ses 19 cadres supérieurs et de ses 10 membres du conseil d'administration. On ignore donc la répartition exacte de ces montants, tout comme les primes éventuellement versées.

Une porte-parole a précisé qu'aucune «prime de rendement d'équipe» n'a été donnée depuis 2011, en raison de la situation financière difficile. Cependant, une «rémunération conditionnelle au rendement individuel » reste possible pour presque tous les employés, des commis aux cadres.

Pendant que la haute direction touche des montants faramineux, les facteurs, eux, mènent une tout autre réalité. Selon Guichet-Emplois, au Québec, leur salaire horaire varie de 25$ à 36$, pour un revenu annuel entre 52 000$ et 75 000$. La médiane se situe à 29$/h, soit environ 60 000$ par an. Ces salaires varient d'une région à l'autre: la Montérégie domine avec un maximum de 36,38$/h, tandis que l'Outaouais reste la région la moins avantageuse avec un salaire d'entrée à 21$/h.

Malgré tout, la majorité des facteurs bénéficient d'au moins un avantage social: régime de pension, assurances, vacances payées ou congés parentaux. Selon le Guichet-Emplois, 96,5% des facteurs québécois profitent de tels avantages, contre 95,1% dans le reste du pays.

À l'échelle canadienne, les facteurs sont généralement un peu moins bien rémunérés: un salaire d'entrée à 22$/h, une médiane à 28$/h et un maximum à 32$/h.

Pendant que certains employés cumulent des heures dans la neige ou sous la pluie pour livrer le courrier, d'autres, dans les bureaux de direction, se partagent des millions. Une réalité qui fait grincer bien des dents chez les travailleurs et chez les contribuables.

Source: Journal de Montréal